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REGISTRES DU BUREAU
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que celles des plus eloquens orateurs du monde, jo ne seroye pas encores assez suffisant pour exprimer les haultes louenges qui vous sont deues par les bons et loyaulx subgelz du Roy en tous estatz de son Royaulme, speciallement par ceulx de sa bonne Ville de Paris, citécappitalle d'icelluy, lesquelz suc toutes nations se repu ten t bienheurez d'avoir une Royne et dame tant acomplye en toutes graces et vertuz, qu'il semble que Dieu et nature ayent voullu employer les forces de leurs puissances à vous former telle qu'ilz vous savoient et jugeoient digne pour estre très noble espouse et très chere Compaigne du Roy très chrestien, le plus excellent ct magnanime'1' de tous les princes de la terre, nostre souverain seigneur. Et pour ce, Madame, que nous desirons vous faire entendre combien Paris sc sent à vous tenu et obligé pour sa part de la recongnoissance de si grands bene­fices et biens infiniz en la France, receuz par le moyen de vostre très requis et très fructueulx advenement en ses pays, nous en'2' rendons graces à la Magesté celeste, laquelle par sa bonté et divine clémence a faict aux Françoys si riche et precieulx dou, au moyen duquel ilz espèrent se veoir avecques toute l'Ytalye joinetz, alliez et confederez en amytié, paix et concorde perpetuelle. Vous suppliant, Madame, que à vostre nouvelle et joyeuse entrée à Paris, il vous plaise recevoir de face gratieuse et bénigne les affections très humbles et plus quc dévotes volunlez des citoyens d'icelle, faisans emsemble par
unyon ung seul cueur à vous dedié par obeyssance loyalle et fidclle, lequel, Madame,je vous offre et presente, espèrant que, mys entre voz mains, il sera en tous affaires envers le Roy tousjours singuliere-men t recomma n d é. n
Après lad. harangue, s'en retournerent en la Ville en pareil ordre qu'ilz estoient partiz.
La Ville incontinant après salua lad. dame de la mesme quantité d'artillcrye qu'elle avoit faict le Roy. Cela faict, quelque intervalle de temps après, marchèrent ceulx qui estoient de sa compaignée en telle ordre et magnificence qu'il est ou sera descript à son entrée imprimée, par quoy n'est besoing cy le declairer. Lad. dame en si grande pompe el magni­fique compaignée entra dedans la Ville dc Paris, ct passant par la porte et rue Sainct Denis, et dc là par le pont Nostre Dame, qu'elle trouva en la mème parure qu'ilz estoient le jour dc l'entrée du Roy, \int en l'eglise Noslre Dame, où elle descendit, pour y faire son oraison et avec elle aucuns princes, mon­seigneur le Chancellier et quelques ungs cles Che­valiers de l'Ordre, et des dames Madame Margue­rite <3>.
Lad. dame, sou oraison achevée, alla au Palais où fut faict le soir le soupper royal, avec les ceremonyes et solempnitez acouslumées, et les tables ordonnées comme le jour dc l'entrée dud. seigneur, sans autre difference.
CLXXXIV [CXXXIII]. — [Diner offert à la Reine pau le coups de ville
EN UNE SALLE DU PALAIS EPISCOPAL.]
19 juin 1549. (F°'- i58 v°-)
Le landemain, lad. dame alla oyr messe en l'eglise       une grande salle de la maison de monseigneur le
Nostre Dame de Paris, où monsr le Prevost des Mar-       reverandissime cardinal du Bellay, que mesd. srs
chans, acompaigné des Eschevins, Greffier, Conseil-       de la Ville avoient faict pour elle magnifiquement
1ers et plusieurs des Enffans de la Ville, la vindrent       apareiller. Ce que lad. dame liberallement accorda,
très humblement supplier que son bon plaisir feust      et pour ce faire monta par ung escaillier beau et
leur faire ceste grace de prandre sa reffeclion en       riche à merveilles, commençant dès l'issue de la
C Le texte portait tx magnifique n. «Magnanimes est une correction à peu près contemporaine, mais d'une main différente.
(2) «Nous en" remplacent, par suite d'une correction semblable, Ies deux mots «dont nous» écrits primitivement.
:3) Marguerite de France, dernière fille de François 1". Son frère Henri II lui donna le duché de Berry, par lettres du 29 avril 1 55o. Elle fut mariée à Paris, Ie 9 juillet 1 55g, à Emmanuel Philibert, duc de Savoie, et mourut à Turin, le 14 septembre 107 4. D'autres dames accompagnèrent la reine à Notre-Dame, d'après la relation du greffier du Parlement : s La Royne, dit-il, suyvie de mad. dame Marguerite, de mesdames de Montpensier, l'ainsnée et jeune, et madame la princesse dela Roche-sur-Yon, qui toutes 1rois porterent la queue du manteau de la Royne. Mess" de La Tremoïlle ct Montmorency porterent la queue du manteau de mad. dame Marguerite, et celles des mauteaulx desd, dames de Montpensier et Roche-sur-Yon furent portées par aucuns contes et grands seigneurs à ce ordonnez...)! (X" 1565, fol. 177 v")- Voir surtout la description des cérémonios de Notre-Dame et Ies discours dons le registre capitulaire, LL 248, fol. 708.